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La POLAR DISTANS débute dans 23 jours. 160 km à travers la Suède (ou 300) attendent les concurrents. Carole Crot (ainsi que Christine Luthi et Pierre-Antoine Héritier) sera sur la ligne de départ. L'année passée, elle l'avait vécue comme handler. Récit d'une course de l'intérieur.
La Polardistans d’un handler
par Carole
Cette année (2012) nous avons décidé de nous lancer sur la Polardistans, course de 160 km
qui a lieu début mars à Sarna en Suède.
160 km d’affilée avec juste deux petits arrêts de 15 et 30
minutes… en serons-nous seulement capables ? Nos petits chiens y
arriveront-ils? Cette course est notre première course de longue distance… une
grande aventure à notre échelle !
Tout commence un jour avant le départ : prise des
dossards, check du matériel obligatoire, contrôle vétérinaire, la pression
monte un peu. Mon musher Patrick est très calme, toujours zen tandis que moi je
commence déjà à courir dans tous les sens à la recherche d’un papier important,
d’un habit manquant, etc. etc.
Un bon souper à la pizzeria avec plusieurs amis mushers
expérimentés nous change un peu les idées. Après s’êtres occupé des chiens une dernière fois pour
aujourd’hui, on file passer la nuit dans une auberge de jeunesse. On n’essaye
même pas de se coucher tôt, qui arriverait vraiment à dormir ? Je me
tourne et me retourne toute la nuit ; demain il ne faut pas oublier ceci,
pas oublier cela. Je me réjouis seulement de pouvoir me lever pour enfin entrer
dans l’action.
Le départ de Patrick est à 11h04 mais on se lève à 6h00 pour
s’occuper correctement des chiens et
engouffrer un bon petit déjeuner. Le temps est gris et il ne fait pas froid,
environ -10°C. La semaine passée il a plu et il n’a pas reneigé ou très peu. La
piste va être très dure donc très rapide. Notre super véto Christine nous met
en garde : les carpes des chiens vont en pâtir… il faudra bien les masser
aux arrêts.
La stacke-out est tendue près du départ, les chiens ont
droit à une dernière petite soupe. Patrick discute calmement avec d’autre
mushers, il est toujours aussi calme! …mais comment il fait ? Moi je
trouve tous les trucs pour m’occuper les mains : vite ramasser les crottes,
trier les harnais, ranger le bus. Puis on aide Catherine à partir, elle part
pour 300 km, me voilà bien occupée pour un petit moment! Tenir ses chiens de
tête avec les oreilles éclatées par leurs cris d’enthousiasme voilà exactement
ce qu’il me fallait pour me renfermer dans ma bulle et enfin arrêter de penser.
La voilà partie. Ce coup-ci c’est notre tour! C’est le
moment d’aider mon musher à mettre les bottines, j’aime cet instant, nos chiens
sont calmes, bien sages. Ils ont bien compris qu’il se passait quelque chose d’inhabituel,
ils sont très zen… comme leur musher. Décidément il n’y a que moi qui stresse
dans s’t’ équipe!
Les huit chiens sont attelés, il nous faut maintenant
parcourir les 200 mètres qui nous séparent de la ligne. Je cours à côté du
team, je les regarde, ils sont beaux nos petits chiens, tous ces mois
d’entraînement dans la boue, sous la pluie, dans la grosse neige, la tempête
pour arriver à cet instant.
Ils sont là sur la ligne de départ …et on entendrait une
mouche voler ! Je sais qu’on n’a pas des chiens très exubérants au départ
ok mais là pas un bruit. Ils sont là tout sages tout braves, Belinda saute un
peu dans le harnais mais les autres nous regardent tranquillement. Je tiens la
neck-line et à vrai dire je commence à me demander s’ils vont partir… et puis
comme d’habitude, je me suis fait du souci pour rien. Ils partent comme des
balles tout heureux d’enfin pouvoir passer à l’action !
Pendant quelques minutes je regarde mon musher partir sur le
lac et disparaitre derrière une petite butte. Maintenant commence le plus
difficile : l’attente.
Sur cette course les handlers n’ont pas le droit d’aider
leur musher sur les check-points, par contre ils ont le droit d’aller les voir!
Bon le premier arrêt est perdu dans la pampa seulement accessible en motoneige
donc autant aller le voir au deuxième arrêt, au 120 kils de course, mais à
seulement 45 km de voiture. Il y sera dans 8h30 environ…!
Pour moi toute occupation est bonne à prendre : ranger
le bus, promener les vieux et le chiot restés au bus et bien-sûr, le plus
important, manger, manger et encore manger! Ça occupe non ?
Le deuxième check-point nous voit arriver une bonne heure
avant nos mushers, impatients de savoir qui y entrera le premier… il fait
maintenant nuit noire et la neige n’est éclairée que par quelques bougies qui balisent
l’entrée du check-point. On se regroupe autour du feu pour se réchauffer un peu
et l’attente commence…
Enfin la lumière d’une frontale déchire la nuit, un team
entre dans la lumière des bougies. Mais je connais ces chiens… ce sont les
miens ! Je n’en reviens pas, Patrick est devant ! Les volontaires de
l’organisation guident le team à 100 mètres du point d’eau, à travers la grosse
neige, tellement loin que je ne peux pas le voir. Ça m’énerve un peu mais je
reste calme. Il va maintenant devoir faire son arrêt obligatoire de 30 minutes
plus les 4 minutes de restart.
Le deuxième team, une Suédoise, arrive 20 minutes plus tard
et l’organisation la parque juste là devant nous à un mètre du point d’eau… et
8 minutes plus tard elle repart ! Et sont arrêt obligatoire ? Là je
m’énerve et je ne suis pas la seule ! Avec la handleuse du troisième, un Allemand
qui est arrivé juste après, nous
essayons d’avoir des explications. Mais bizarrement plus personne ne parle
anglais, on nous répond en suédois !!??
Patrick vient à pied jusque vers nous pour chercher son eau,
il est très calme, il a vu la Suédoise repartir mais il est dans sa course, concentré
sur ses chiens, et rien d’autre ne l’atteint. Il m’amène Aïka qui est fatiguée,
les autres vont bien. Les chiens gueulent pour ressortir du check-point, ça
fait du bien au moral, visiblement ils ont encore du jus.
On apprendra par la suite que la concurrente suédoise a fait
son arrêt obligatoire et son restart au premier check-point ! Alors qu’au
musher-meeting il nous a bien été spécifié que ces temps d’arrêt devaient
obligatoirement être pris au deuxième check-point. Règle qui a été comprise et
appliquée même par les étrangers qui n’ont pourtant eu qu’une vague explication
dans un mauvais anglais…
Patrick et les chiens sont de nouveau sur la piste, il ne
reste que 4-5h à attendre, Christine et Mélanie nous ont rejoints au QJ de
l’arrivée. Elles se moquent bien de moi qui ne suis qu’une boule de nerf !
Cette course qui est un premier test pour nos chiens, hier je ne pensais qu’a
réussir à la finir, le classement n’avait aucune importance mais ce soir
Patrick est deuxième sur la piste, sorti du check-point seulement 9 minutes
après la première…
L’attente devient interminable, on se regroupe à l’entrée du
lac pour guetter la lumière d’une frontale… et c’est un traîneau avec deux
points blancs qui apparaît en premier. Dès ce moment je sais que Patrick n’est
pas devant… il n’a pas deux frontales. Deux autres lumières suivent de près la
première… j’espère qu’il est là…
En effet Patrick est juste derrière la Suédoise, il n’arrive
pas à dépasser même si nos chiens auraient un rythme plus rapide ; avec la fatigue, les chiennes de tête n’ont pas le
courage de dépasser.
…on a encore beaucoup à apprendre, mais cette course à été
un formidable apprentissage pour les chiens, pour le musher et aussi pour la
handleuse ;-)
Maintenant il ne nous reste plus qu’a fêter cette magnifique
deuxième place et puis surtout, cerise sur le gâteau totalement
inattendue : le Best Dog Care, la plus belle des récompenses ! Même
si l’on sait qu’on la doit en grande partie à Christine pour ses très précieux
conseils !!
Et les enseignements que l’on retire de tout ça :
- pour le team : entraîner,
entraîner, entraîner et encore entraîner
- pour
le musher : améliorer sa soif de vaincre
- pour
la handleuse : rester calme, rester calme, rester calme
Carole
Les bottines
En route pour la ligne de départ
Prêts au départ
Le départ
Ils sont partis !
Promenade des vieux et des trop jeunes
L'arrivée
Le 5 mars prochain, ce sera Carole sur la ligne de départ de la POLAR DISTANS ... et Patrick qui l'attendra aux checkpoints !
D'autres membres du MCS s'élanceront également pour les 160 km de la POLAR DISTANS : Christine Lüthi, Pierre-Antoine Héritier.
Pffffffff.....
RépondreSupprimerJe m'y serais crue.....
Même qu'à un moment.. j'ai entendu le silence soudain des chiens au départ (ça existe ? c'est vrai ??????)
Je crois que j'aurais descendue la bouteille de "rescue"... après avoir fini les chips et chocolat en réserve...
Y a t'il des cours pour apprendre à être zen ???
En tout cas là... à l'instant présent... on pense bien fort à vous tous et aux derniers préparatifs... En espérant que la zen attitude de M'sieur es Zen déteigne sur vous.
Et quoi qu'il arrive... c'est vous les meilleurs.
..malheureusement l'année passée on n'était pas encore en possession de la petite bouteille magique "rescue" ...mais cet année je l'ai "sur" utilisée, à tel point que les chiens devaient êtres légèrement ivres sur la ligne de départ ;-))))))))) et moi miraculeusement pas trop stressée!!!
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