samedi 31 mai 2014

Un hiver dans le Nord

Carole et Patrick ont passé l'hiver dans le Nord. Voici le récit - en entier - de leurs aventures.

Un hiver dans le Nord, par Carole


Cette année le grand départ pour le nord est prévu un peu plus tôt que d’habitude. Le 3 décembre nous sommes déjà sur la route pour rejoindre notre petite maison Suédoise. Les deux petits carpats mushers et les 15 chiens sont tous pressés de poursuivre les entraînements sur neige dans notre belle région du nord. Notre petit village, Ljungdalen, nous attend avec déjà de belles conditions d’enneigement. Il y a juste les grands froids qui ne sont pas encore au rendez-vous, donc les premières sorties sont un peu aventureuses car les rivières ne sont pas encore gelées ou seulement en train de l’être.
Sur la route proche de l’arrivée à la maison
 
Le centre de Ljungdalen, avec à gauche le restaurant et le petit supermarché


Notre petit chez nous

Et la vue depuis notre salle à manger !

Les premiers jours on fait de jolies sorties à deux team de 6 chiens et dès fois l’on a droit à quelques grands frissons. Quand la piste doit traverser une rivière mais que personne n’a encore pu le faire cette année. La couche de glace est mince mais ça a l’air de suffire, allez on se lance ! Chacun son tour on ressent un léger picotement dans le dos quand le traîneau glisse sur la glace neuve et que la rivière craque sous les patins !
Pas encore beaucoup de neige !
Sorties en deux fois six chiens

Après une petite semaine notre amie Catherine nous rejoint avec ses 20 chiens à entraîner pour la Finnmarkslopet 1000. Maintenant on a largement assez de chiens pour faire trois attelages ! Mais un redoux arrive et une bonne partie de la neige fond. Ce qui nous fait faire quelques sorties assez rock-and-roll, traîneau sur les bruyères et passage dans l’eau des petites rivières. Une mention spéciale pour moi qui n’ai pas pris mes bottes étanches ce jour-là et qui patauge longtemps dans l’eau froide jusqu’aux genoux. Heureusement on n’est pas loin de la maison !

Et en trois fois huit avec les petits carpats au milieu !

Pendant le redoux


Les pieds dans l’eau !

Carole, vers 14 heures, au coucher du soleil !

Mais en quelques jours la neige revient en quantité et enfin les rivières gèlent comme il faut. On peut maintenant rallonger les entraînements. Ici, à cette période de l’année, le jour se lève vers 9h et il fait nuit à 15h. Du coup les journées sont courtes et le soleil rase l’horizon en plein midi. Quand il est 13h on a l’impression qu’il faut vite rentrer car la nuit commence à tomber !

On va passer les fêtes de fin d’année seuls tout les deux. On organise un tournus d’entraînements pour les chiens mais les mushers eux n’ont pas de jour de repos. Cette année ce sera un noël sur les patins de nos traîneaux ! Le déroulement d’une journée type : 6h30 réveil, soupe pour tous les chiens, petit-déjeuner des humains, étude de l’itinéraire du jour et constitution des attelages. Puis habillement des mushers, étape qui prend facilement 20 minutes ;-) Harnais et bottines pour 20 chiens, ah les bottines, la torture du dos des mushers ! Puis mise à l’attelage des furieux et départ pour le run. On passe entre 4 et 7h sur la piste et au retour on refait tout le job à l’envers, sans oublier les massages et en finissant par une soupe chaude pour les athlètes. Là on profite de se bâfrer d’un bon repas chaud car en général on meurt de faim ! Et le soir vers 19h on ressort pour nourrir toute la clique et faire les soins des pattes. En gros on n’a pas le temps de s’ennuyer J
Les 35 chiens mangent 10 kilos de viande par jour, qu’il faut couper en portions individuelles



Carole et les carpats sous la neige

Patrick avec un team du « Fur »

Navigation à vue dans le grand blanc direction la maison, 20 km droit devant.
Il est temps maintenant d’allonger encore les km et aussi de faire des gros run. C'est-à-dire de60 à 80 km, 4h de pause puis 30 à 40 km. En général on s’arrange pour faire la pause près d’une petite cabane. Des moments vraiment sympas avec les chiens.A l’arrêt on commence par leur chauffer une soupe puis on les installe bien confortablement avec manteaux et couvertures. Après quelques câlins on rentre se faire une bonne soupe chaude, discuter un moment, éventuellement changer de chaussettes ;-) et c’est de nouveau vite l’heure de se préparer .
Carole en route pour une sortie de 95 km
La piste préférée de Patrick
Arrivée à la petite cabane
Pendant l'arrêt de 4 heures
Couchés bien confortablement après avoir mangé une soupe !
Carole allume le réchaud pour chauffer la soupe des humains
Quand même quelques minutes de repos J
Le 10 janvier arrive notre meilleur pote, il vient passer une semaine avec nous ! Il n’a jamais fait de traîneau mais hop dès le deuxième jour il sort un attelage de 6 chiens sans problème. On profite de sa présence pour faire quelques balades en raquette à neige. Ça fait pas de mal de faire aussi un peu autre chose !
Notre copain Sacha a de la chance avec la météo !
Belles conditions pour une initiation !
Ballade en raquettes derrière la maison


La première course de notre saison, la Vildmarksracet, va se dérouler à Nornäs, petit village 200 km plus au sud. C’est une petite course de club qui attire beaucoup de bons mushers internationaux car le parcours est très ludique, l’organisation est parfaite et l’ambiance vraiment sympathique.
Départ le 17 janvier tôt le matin pour rejoindre le départ de cette course que nous faisons pour la troisième année consécutive. 120 km séparés en deux étapes de 60 km avec un arrêt obligatoire de 4h entre les deux run. Patrick est inscrit dans la catégorie 8 chiens. Il y a peu de neige dans cette région mais on va pouvoir bénéficier de belles conditions de course car il ne fait pas trop chaud, -17° à l’heure du départ, les chiens apprécient ! Les nombreuses heures d’entraînements passées sur notre traîneau sont payantes, Patrick vole littéralement avec sont petit attelage de huit chiens. A la pause il se retrouve au milieu des attelages de 12 et 14 chiens. Ils font tout petits nos carpat’s dog ! Le stop de 4h est bien venu pour le musher qui peut se restaurer et se reposer un peu. Les petits chiens eux dorment bien sagement. Puis le team repart dans la nuit pour un super deuxième run. Les petits carpats finissent premiers de la catégorie 8 chiens mais notre fierté est surtout que un seul attelage de nordique, avec 14 chiens, à été plus vite que nous. Le bilan de l’exercice est très positif et le moral est gonflé à bloc pour la futur Polar J
Le team en plein effort


Arrivée au check-point


Un musher heureux !

En attendant la soupe

La fin du mois de janvier nous offre de magnifiques journées. Une dizaine de jours avec un thermomètre qui oscille entre les -20° et -30°. On a droit à de superbes paysages grâce aux belles journées froides.

Catherine et Carole sur une nouvelle piste

Pas trop pire comme conditions !


Dès fois un peu de vent quand même

Sympathique petit pont !

Par contre le mois de février est gris et chaud, les jours se suivent et se ressemblent. On a juste droit à une journée partiellement ensoleillée pendant laquelle on profite de découvrir une nouvelle trail. Deux motoneiges ont tracé une piste sauvage sur une petite rivière. Ça zig-zag d’une rive à l’autre et autour des trous d’eau. C’est merveilleusement sauvage. Un pur bonheur ! La maman de Patrick est avec nous ce jour là, avec 6 chiens elle se débrouille très bien et nous épate vraiment car c’est quand même un peu technique ;-)
Sur un lac encore inconnu

La maman de Patrick et Carole posent pour la photo J


On remonte la rivière


Et on passe sur des petits ponts de glace

Puis vient le temps de préparer sérieusement les grandes courses de la saison. On partira tous du QJ de Ljungdalen le lundi 3 mars. Moi je partirai seule avec nos 15 chiens direction le sud et la Polardistans qui starte mercredi 5 mars à 14h. Tandis que Patrick et Catherine prendrons la route du nord direction Alta et le départ de la Finnmark 1000 le 8 mars. On va être séparé pour les 15 prochains jours, moi toute à ma course et Patrick tout à son job de handler.

Sur la route du col direction la Polardistans


Et la ville d’Alta, Norvège



Polardistans :
Lundi après-midi je rejoins un couple de copains français à Drevdagen. Ils sont là depuis quelques temps avec leurs 15 chiens. C’est l’année des nanas car Anne-laure est aussi inscrite à la Polar ;-)! On est tout contents de se revoir et l’ambiance pré-course est très agréable et détendue. On fait même une petite sortie l’après-midi à 3 attelages de filles car Christine nous rejoint sur la piste.
Le parcours de la course a été totalement remanié cette année en raison de fortes températures du mois de février. Le lac de Sarna, sur lequel commence la course, n’est pas entièrement gelé ! Du coup ils ont déplacé le lieu de départ à 35 km du quartier général. Heureusement Christine m’avait proposé d’être mon handler. J’avais accepté très volontiers son offre en lui disant : t’inquiètes tu n’auras pas grand-chose à faire ! Heum… finalement avec tous les changements de programme je crois que je n’aurai même pas pu prendre le départ sans elle. Alors un grand merci à Christine pour son aide, pour le management de la carpat mobile et du team B resté au bus et comme toujours pour ses précieux conseils ! ah et j’oubliais : Merci pour les photos ;-)


Dans l’attente du départ



Et c’est parti pour 168 km non-stop !

Je prends le départ avec 7 de nos chiens. Il fait très chaud en ce milieu d’après-midi, le thermomètre tourne autour de 2 degrés. Dès les premiers kilomètres les chiens souffrent de la chaleur ! Mes beaux guerriers toujours à fond son mous et lents. Mon moral chute dans mes chaussettes même si j’essaie de me convaincre que c’est pareil pour tout le monde. Le parcours commence par la montée dans les Fjälls, les pistes sont bonnes mais il règne un brouillard à couper au couteau. Heureusement, moi j’ai vu les magnifiques paysages de ces montagnes l’année passée. Mais ma copine Anne-Laure n’aura rien vu d’autre qu’un espace blanc et cotonneux !
La piste est très variée et je pense à Patrick qui aurait vraiment adoré ce nouveau parcours. Les organisateurs ont fait un travail monstrueux pour nous tracer des pistes. Comme beaucoup de lacs et de rivières ne sont pas gelés, ils ont très souvent du nous fabriquer des pistes sinueuses à travers bois.
On remonte une deuxième fois dans les Fjälls. Arrivés en haut un bon petit vent de travers essaie de nous pousser en bas d’un long devers. Dans le brouillard épais et la nuit, je ne vois pas mes leaders et je ne vois plus rien de la piste. Je ne peux même pas allumer ma frontale car du coup je ne verrai que mes mains. On avance à l’aveuglette mais on ne baisse pas pour autant le rythme. Je sens mes leaders, Arluk et Belinda, qui me disent :« t’inquiète pas môman nous on sent la piste et on sait où on va. Toi, occupe-toi juste de tenir sur ton traîneau ».Les chiens je vous aime trop !
Au kilomètre 85 il y a le premier check-point, je n’ai pas prévu de m’arrêter mais je stoppe quand même quelques minutes pour confier mon gros Magic aux bénévoles de la course. Il n’a pas tiré du tout depuis le départ, il n’a mal nulle part mais je pense qu’il avait trop chaud. Cela fait déjà 15 km qu’il est peinard dans le sac du traîneau et je suis bien contente de pouvoir le sortir. Un gentil Viking suédois J va le ramener vers Christine dans la soirée.
Je repars à 6 chiens pour les 83 km restant. Depuis que la nuit est tombée, il fait plus frais et les chiens ont repris du poil de la bête ! Ils sont en pleine forme et adorent cette petite piste qui zig-zig entre les sapins.
La machine est en route, les chiens ont pris un bon rythme et ne le lâcheront plus. Heureusement d’ailleurs car j’ai une grosse inflammation des épaules et franchement je ne peux pas les aider beaucoup. Le point positif est que contrairement à l’année passée, je n’aurai pas de monstrueuses courbatures post course ;-)
Bientôt je perçois des lumières, c’est le deuxième check-point à 129 km. Mes leaders n’aiment pas plus que ça les lieux pleins d’humains donc pour eux c’est plutôt un soulagement de ne pas s’arrêter. On dit bonjour, le véto nous pose une ou deux questions et on repart dans la nuit, tout contents de retrouver notre solitude. Etre en course, tous ensembles, tous seuls en pleine nuit dans ces déserts blancs avec des petits chiens heureux de courir, c’est vraiment une sensation merveilleuse.
Quelques heures plus tard on franchit la ligne d’arrivée, il est 1h30 du matin, Christine et Pierrot sont là pour nous accueillir. Je félicite les chiens, ils sont fantastiques, ils viennent de courir 168 km en 11h19 malgré la chaleur et des pistes pas rapide. Les départs étaient libres donc je ne sais pas encore si j’ai gagné cette course. Mais je sais que mes petits chiens sont formidables. A ce moment là c’est la seule chose qui compte !
Ma copine Anne-Laure arrive un peu plus d’une heure après moi, elle aura mis 12h44 et terminera troisième pour sa première participation à la Polardistans !
Plus tard on se retrouve tous au quartier général de la course pour prendre un bon café et faire un petit débriefing avant de prendre la route du retour au milieu de la nuit.

Finnmarkslopet :
Pendant ce temps Patrick a fait les 1500 km de route qui les ont menés tout au nord de la Norvège, dans la ville minière d’Alta, lieu de départ de cette course mythique. Les jours qui précédent la couse sont bien occupés par les diverses tâches de préparation. Dont confectionner la multitude de snacks pour toute la course et surveiller la météo qui annonce une monstrueuse tempête pendant la première étape !
Catherine prend le départ le 8 mars en milieu de journée. Elle aura le temps de faire qu’une soixantaine de kilomètres avant d’être stoppée, elle et une quinzaine d’autres concurrents, par des vents à 140 km/h ! Ils n’ont d’autres choix que d’attendre plusieurs heures, enveloppés dans leurs sacs de survie que les éléments se calment.
Malgré la tempête qui a un peu entamé les forces, mais surtout fait perdre du temps sur le programme, les 14 chiens du « Fur »sont en pleine forme ! Pourtant les jours suivant la météo s’acharne, pluie et vent tout d’abord et pour finir la neige qui tombe en bonne quantité alors qu’ici il n’avait plus neigé depuis décembre!
La piste a complètement disparu et est recouverte de grosses congères. Les teams doivent chacun tracer dans la grosse car le vent remplit la piste à une vitesse folle.
Cette année, pour la première fois, la direction de course a donné une limite de temps. Un timing déjà difficile à tenir en temps normal pour les teams de nordiques. Alors avec cette météo c’est carrément devenu impossible et Catherine arrête la course après 750 km malgré des chiens en bonne forme et qui auraient certainement pu finir sans cette histoire de limite de temps !
Le bilan est tout de même très positif car musher, chiens et handler ont vécu une belle expérience et savent maintenant que 1000 km de course c’est possible J

Le team des 14 « Furious »


Sur la route entre les check-points, plus proche de Mourmansk que d’Alta!
Après une nuit de repos Patrick et Catherine prennent la route du sud pour me rejoindre à Ljungdalen. Les prochains jours vont être occupé à ranger tout le matériel course et à préparer le départ de Catherine pour la France. Nous faisons encore quelques jolies petites sorties à traîneau en essayant de profiter au maximum car ce sont les dernières ! Il nous faudra bientôt songer à redescendre en Suisse et reprendre la vie normale.
Formation de la relève : Arluk coach sa fille Aliy !
Patrick dans son exercice préféré : la découverte de nouveaux terrains de jeux
Vivement l’automne prochain que l’aventure recommence !
Carole.
Super merci à Carole pour son article passionnant.

Cani rando


La rando du Club


Dimanche 25 mai avait lieu la rando du Club. Cette année, Carole et Patrick nous proposaient de découvrir le Chasseron. Ambiance, beau temps et magnifique région, à voir les photos de Laurence !

Photos de Laurence













 
Super merci à Laurence pour  les photos !